Explorer les stratégies d’apprentissages efficaces grâce aux neurosciences : cet article vous plonge dans quelques une des stratégies fondées sur les avancées scientifiques pour optimiser l’acquisition de compétences. Il permet notamment d’apporter des éléments de réponses aux questions suivantes :

  • De quelle façon notre cerveau apprend-il le mieux ?
  • Quelles conditions réunir pour optimiser l’acquisition de compétences nouvelles ?
  • En tant que formateur, quelles stratégies d’apprentissage privilégier pour rendre les apprenants acteurs de leur apprentissage ?

Les neurosciences cognitives ont révolutionné notre compréhension de l’apprentissage. Grâce à des figures de proue comme Stanislas Dehaene, psychologue français pionnier dans l’étude des mécanismes d’apprentissage, nous disposons désormais d’indications précieuses sur la façon dont notre cerveau se développe et acquiert de nouvelles compétences. Stanislas Dehaene identifie en particulier 4 piliers essentiels à un apprentissage efficace : l’attention, l’engagement actif, le retour sur erreur et la consolidation.

Cet article vous propose une synthèse de ces piliers, et des exemples d’application pratiques dont vous pouvez vous inspirer en tant que formateur. 

neurosciences quatre étapes apprentissage formation formateur

 

Pilier #1 : l’attention

L’attention joue un rôle critique dans notre capacité à apprendre. Elle agit comme un filtre, permettant à notre cerveau de se concentrer sur les informations pertinentes. Pour les formateurs, cela se traduit par  la nécessité de capter et de maintenir l’attention des apprenants en utilisant des supports pédagogiques clairs et hiérarchisés, en proposant des pauses pour rafraîchir l’attention et en diversifiant les méthodes d’enseignement.

Pour illustrer ce principe, nous vous proposons une rapide expérimentation. Ouvrez cette vidéo et essayez de compter le nombre de passes réalisées entre les joueurs de l’équipe habillée en blanc. Attention, ne lisez ce qui suit qu’après avoir réalisé l’expérimentation !

Ce test a été réalisé par Daniel Simons en 1999 pour illustrer le concept d’attention sélective. Et vous faites peut-être partie des personnes qui, comme une majorité de celles et ceux qui ont réalisé le test, n’ont pas vu un personnage pour le moins singulier apparaître dans la vidéo… Cette expérience illustre à merveille le principe d’attention sélective : l’attention agit comme un filtre dans notre cerveau, et l’on ne peut traiter qu’une partie des informations qui nous parviennent. 

Les conséquences pour un formateur sont significatives : pour qu’un concept puisse être réellement transmis, il est indispensable que l’attention des participants soit directement dirigée vers ce concept ! Toute attention multi-directionnelle se fera au détriment de l’apprentissage.

 

Applications pratiques :  

  • L’utilisation de supports pédagogiques épurés vous assurera de focaliser l’attention des participants sur les messages clefs que vous souhaitez transmettre.
  • Pour pallier le risque de baisse d’attention,  proposez des micro-pauses régulières aux participants. Vous augmenterez ainsi leur capacité à assimiler les compétences visées.
  • Variez également les modalités pédagogiques en mobilisant différentes dispositions (debout, assis, en grand groupe, en binôme, seul en introspection, etc.) 
  • Veillez à soigner vos prises de parole, en vous assurant de la clarté et de la concision des messages transmis, et en mobilisant le verbal, le paraverbal et le non verbal pour favoriser l’attention des participants. N’hésitez également pas à compléter vos consignes de visuels illustrant vos propos.

Pilier #2 : l’engagement

L’implication active des apprenants dans le processus d’apprentissage est cruciale. Les méthodes pédagogiques actives – telles  que les mises en situation, les jeux pédagogiques, les débats et discussions en petits groupes, les pratiques réflexives, l’apprentissage par les pairs, favorisent cet engagement. Elles permettent en effet aux apprenants de ne pas être de simples récepteurs d’informations, mais de participer activement à la compréhension et à l’utilisation des connaissances.

Applications pratiques :  

  • En tant que facilitateurs, nous adorons recourir à des méthodes d’intelligence collective adaptées à un objectif d’apprentissage. En mobilisant des méthodes d’entraide entre pairs (ex : Flash Codev et Troika consulting), des pratiques permettant de séquencer la pensée, ou encore des processus permettant de faire émerger les sujets importants pour les participants, à l’image du Forum ouvert, vous parviendrez à engager activement les participants dans des travaux collectifs.
  • Proposez des temps individuels et introspectifs permettant aux participants de transposer les concepts clés de votre formation à leur propre contexte, en posant par exemples quelques questions ouvertes : quelle est pour moi la chose la plus importante que j’ai apprise, comprise ou découverte au cours de cette séquence ? Dans quelles situations personnelles vais-je pouvoir transposer ce que je viens d’apprendre, et de quelle façon ? etc.
  • Mobilisez des méthodes pédagogiques innovantes  telles que la classe inversée, la classe renversée, le cafeteria learning qui placent les participants en condition d’apprendre en groupe et de façon autonome, plutôt que de se reposer sur le savoir du formateur sachant.

Pilier #3 : le retour sur l’erreur

Pour apprendre, il est nécessaire de s’essayer à de nouvelles pratiques, ce qui nous amène à nous tromper !  Ces erreurs seront bénéfiques pour l’apprentissage des apprenants à la condition que ces derniers reçoivent un feedback immédiat qui leur permette de réagir et de se corriger. 

Si la théorie est simple en apparence, c’est sans doute le pilier le plus compliqué à mettre en œuvre pour le formateur : il impose l’instauration d’un climat de confiance entre les apprenants, et d’une atmosphère qui autorise l’erreur. Votre posture en tant que formateur, la valorisation des échecs et des erreurs, l’utilisation de partis pédagogiques tels que le jeu, contribueront à diminuer, voire à faire disparaître cette peur de l’échec. 

Exemples d’application :  

Notre goût pour les jeux pédagogiques provient en partie de notre souhait de valoriser l’essai et l’erreur. En recourant à un jeu pédagogique, mettant les participants en compétition ou en leur proposant de chercher à atteindre ensemble un objectif commun, vous parviendrez à créer un décalage qui limite la peur de l’erreur chez les participants, tout en faisant tomber les masques et postures convenues. Ce recours au jeu demande néanmoins à être associé à des sessions de débrief permettant de mettre en lumière l’erreur et de proposer des ajustements correctifs lorsque cela est nécessaire. Notre jeu “histoires en scène” en est un exemple : vous vous essayez au storytelling de façon décalée, et bénéficiez immédiatement des retours de pairs sur différentes dimensions de la prise de parole en public. 

Pilier #4 : la consolidation

La répétition et la pratique sont nécessaires pour ancrer l’apprentissage. La consolidation des connaissances se produit lorsque le cerveau a l’opportunité de répéter et de pratiquer ce qui a été appris.

Essayez de vous imaginer en train de réaliser une tâche nouvelle et inconfortable pour vous (dessiner, jouer du violon, parler une nouvelle langue pour la première fois). Les débuts vous demanderont une débauche d’énergie considérable.  En laissant votre cerveau se reposer (en d’autres termes, en dormant), et en répétant les apprentissages, les mêmes exercices deviendront progressivement beaucoup plus naturels : c’est le signe que votre cerveau est en train de consolider l’apprentissage, et que vous êtes prêt à aller plus loin dans votre apprentissage ! 

Ce dernier pilier nous apprend qu’en tant que formateurs, et quelle que soit la forme et la durée de la session, il est essentiel de penser une stratégie de suivi et de consolidation des apprentissages qui rendra une action de formation vraiment efficace. Le travail du formateur ne consiste pas tant à être bon le jour J face aux participants, que de s’assurer que les compétences visées  seront mises en oeuvre dans la durée. C’est là que le métier prend tout son sens !

Exemples d’application : 

Plusieurs pistes peuvent être explorées pour augmenter le niveau d’assimilation des compétences : 

  • Plutôt que de penser “Session” de formation, privilégiez une approche de réflexion par les compétences : en fonction des compétences visées, et de leur utilisation dans un cadre opérationnel, proposez à vos clients et apprenants des programmes adaptés. Dans notre cas, une formation à la facilitation sera par exemple toujours accompagnée d’une session d’atterrissage et d’ancrage 1 mois plus tard et de sessions de perfectionnement; une formation à la prise de parole en public d’une session de mise en pratique 2 à 3 semaines après la formation initiale. Chaque réponse est spécifique à la compétence recherchée, ce qui vous amène à personnaliser le contenu et le séquencement de vos formations.
  • Les réveils pédagogiques, proposés au retour de pauses ou le lendemain matin dans le cas de formations sur plusieurs jours, sont d’une importance capitale et méritent un soin particulier.
  • Certaines méthodes pédagogiques (classe inversée, travail en binôme en amont de la formation) permettent une consolidation des compétences le jour J. 
  • Les quiz ou modalités en ligne post formation peuvent s’avérer très utiles pour ancrer les concepts clés pour acquérir les compétences visées par la formation.

Devenez un formateur facilitateur d’apprentissage

L’intégration des ces 4 piliers vous invite à vous poser un certain nombre de questions, qui guideront vos choix pédagogiques : 

  • Comment créer un cadre d’apprentissage valorisant l’essai et l’erreur ?
  • Par quels moyens renforcer l’attention des participants tout au long de nos formations ? 
  • Comment rendre les participants davantage acteurs de leur apprentissage ?
  • Comment optimiser les chances d’acquisition et d’application de compétences par les participants dans la durée?

En tant que formateurs, les neurosciences vous offrent un cadre puissant pour comprendre comment optimiser l’apprentissage des personnes que vous accompagnez. Votre rôle dépasse alors largement la simple transmission de connaissances. Vous devenez des facilitateurs d’apprentissage, chargés de créer un environnement où chaque apprenant devient acteur de son développement, en lien avec les autres.

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